A l’heure de la course à la sécurité alimentaire, le danger que représente la chenille légionnaire d’automne pour l’agriculture en Afrique – en particulier pour les cultures de céréales- appelle à l’urgence. En plus des mesures prises au niveau local par les gouvernements, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) rajoute sa contribution avec notamment un guide visant à renforcer l’efficacité des actions.
A ce jour, seuls dix pays africains -principalement du Nord- sur 54 n'ont pas encore signalé d'infestation de chenille légionnaire d'automne (FAW), selon les données de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). C'est dire l'urgence de la situation. En renfort des mesures prises au niveau local par certains gouvernements, l'instance onusienne a lancé hier, vendredi 16 février, un guide complet afin de lutter efficacement et « de manière intégrée » contre le ravageur, annonce-t-elle par voie de communiqué.
Un guide de conseils et formation
Etabli avec la collaboration de plusieurs institutions spécialisées dont l'Institut international d'agriculture tropicale (IITA), le Centre international de physiologie et d'écologie des insectes (ICIPE) ou encore le Département américain de l'agriculture (USDA), le guide est surtout destiné aux petits agriculteurs, lesquels constituent un maillon important du secteur sur le continent et dont les cultures sont les plus vulnérables.
« Nous avons constaté que l'éducation des agriculteurs et les actions communautaires étaient essentielles pour pouvoir gérer la FAW et freiner sa propagation aussi vite que possible. Le guide s'appuie sur les expériences des agriculteurs et des chercheurs originaires d'Amérique du Sud et d'Amérique du Nord qui ont vécu aux côtés du ravageur pendant plusieurs siècles et sur les nouvelles technologies et leçons apprises en Afrique jusqu'à présent », a déclaré Maria Helena Semedo, Directrice générale adjointe de la FAO.
Le guide se décline en un ensemble de conseils applicables au quotidien pour entretenir la veille au niveau des champs, faire le bon choix des pesticides à utiliser... Une formation à la gestion durable de la chenille légionnaire d'automne sera également lancée à travers le Continent afin de mieux équiper les agriculteurs et le personnel agricole,
« Pendant les cinq prochaines années, la FAO et ses partenaires veulent atteindre 10 millions d'agriculteurs à travers 40 000 champs-écoles de producteurs en Afrique », a précisé Allan Hruska, Coordinateur technique principal de la FAO pour la lutte contre la chenille légionnaire d'automne.
Sauver les plans d'autosuffisante alimentaire
Le timing du lancement de ce guide n'est pas fortuit. La chenille légionnaire d'automne attaquant principalement les champs de maïs, la saison principale de culture de cette céréale est actuellement en cours en Afrique centrale et en Afrique de l'Est, les deux sous-régions les plus touchées par ce ravageur.
La propagation de cet insecte dans les champs céréaliers -le maïs en particulier- du Continent a été très rapide. Apparue pour la première fois en Angola en 2009, c'est seulement depuis 2016 que la chenille légionnaire d'automne s'est autant rependue, menaçant désormais la sécurité alimentaire de l'Afrique, le maïs étant un aliment de base dans de nombreux pays d'Afrique subsaharienne. Dans un pays comme le Gabon, les cultures de riz sont également concernées depuis début 2016. La FAO vient même d'y nouer avec le gouvernement un partenariat d'assistance dans le cadre de la stratégie nationale 2016-2023 pour le développement de l'agriculture visant l'autosuffisance alimentaire.
A des milliers de kilomètres de là, en Ouganda en avril 2017, les pertes occasionnées par la chenille légionnaire d'automne se chiffraient à plus de 193 milliards de dollars. Si le guide de la FAO couplé aux efforts des gouvernements contribue à mettre fin aux dégâts de ce ravageur, les Etats pourraient faire de grosses économies et donner à l'agriculture encore plus de moyens pour pleinement exploiter son potentiel.