Abdelmalek Serrai, Consultant international, à El Moudjahid : « Il y a nécessité d’une rencontre de solidarité économique »
La chute des prix du pétrole, la crise financière, la crise économique, l’avenir de l’Algérie... sont des thèmes qui suscitent différentes analyses de la part des experts et économistes de la place. Dans cet entretien téléphonique, l'expert en économie et consultant international, Abdelmalek Serrai, nous livre son point de vue sur la conjoncture économique actuelle de notre pays qui enregistre une contraction importante de ses recettes pétrolières, principale source de financement de sa croissance.
L’expert est optimiste sur l’avenir socio-économique de notre pays. Et pour cause : « Nous ne sommes pas en crise économique, mais plutôt au début d’une crise financière à laquelle il faut faire attention », a-t-il dit. L’expert a tiré la sonnette d'alarme pour dire la nécessité de mettre en place tous les moyens nécessaires pour se préparer et faire face à une éventuelle crise. Néanmoins l’expert a affiché sa pleine confiance quant à la gestion de l’Algérie par des institutions compétentes et la contribution du secteur privé au développement de l’économie nationale. Ce qui reste, a-t-il souligné, c’est « de prendre en charge cette crise financière avant qu’elle ne se transforme en crise économique. » « Pour faire face à cette éventualité, il faut que le gouvernement prenne de nombreuses décisions ». Le fait que le gouvernement ait reporté de grands projets prioritaires à des dates ultérieures cela veut dire qu’il n’aura pas de grandes dépenses ».
« Si le gouvernement arrive à gérer cette situation il n’y aura pas de problème de la part de la société civile », a fait remarquer l’expert. Notre interlocuteur a insisté sur l’organisation et en urgence d’une rencontre ou une réunion nationale de solidarité économique avec la participation de l’ensemble des acteurs économiques. » Et de poursuivre « la main dans la main nous allons sortir ensemble solidaires avec un constat et un consensus sur ce qui sera décidé sur la crise financière. » « D’après moi, il est temps maintenant de penser à la levée de tous les obstacles bureaucratiques pour libérer les énergies créatrices des Algériens car il y a un nombre important d’opérateurs économiques et agriculteurs dynamiques bien formés qui sont étranglés par la bureaucratie », a relevé M. Serrai, avant d’ajouter, que « si le gouvernement arrive à travers la prochaine réunion avec les walis et ensuite la prochaine tripartite à Biskra entre le gouvernement-patronat-syndicat à sortir avec de solutions de lever des obstacles bureaucratiques il y aura un îlot de solidarité nationale où les gens vont travailler davantage pour éviter la crise d’ici 2017. » Le consultant n’a pas manqué d’insister sur l’obligation de libérer l’investissement dans les différents secteurs surtout celui de l’agriculture et des services. Selon lui, il y a des milliers de dossiers agricoles bloqués au niveau de certaines wilayas. L’expert trouve inacceptable le fait que l’Algérie soit en pleine crise dans les produit alimentaires alors que le gouvernement garde toujours à son niveau toutes ces listes de demandeurs de terrains agricoles pour investir, d’autant plus, a-t-il dit que « plusieurs terrains sont abandonnés. » S’agissant des banques, il a souligné qu’ « il est temps de libérer le système bancaire puisque ce dernier est très long. « Ce n’est pas possible qu’un investisseur obtienne son crédit après plus deux ans », a-t-il relevé. Selon lui, le traitement de la crise exige, entre autres, une communication avec le citoyen. « Si la chute du pétrole persiste, vers 2017, nous commencerons à réfléchir à l’ouverture de nos capitaux. »
Si l’Algérie s’ouvre de nouveau au financement international « il y aura beaucoup de compagnies privés qui vont venir parce que c’est un acte positif, mais à condition d’améliorer le climat des affaires, aller vers plus de services de qualité, et la construction des meilleurs hôtels, etc. » A une question sur l’évolution des prix du pétrole, notre interlocuteur a souligné, que « si l’Iran joue avec l’ensemble des pays de l’OPEP, l’Arabie saoudite va tenter de réduire ses capacités de production ce qui permettra en conséquence d’augmenter les prix entre 50 et 60 dollars. »