L’équipe du leader mondial des services de réseaux sociaux, Facebook Inc., a rencontré ce lundi 16 septembre 2019, des responsables de 26 banques centrales majeures pour parler de son projet de monnaie digitale, la Libra. Le lieu de la rencontre, Bâle, est assez symbolique, car cette localité suisse est aussi celle qui donne son nom aux différentes évolutions de régulations bancaires dans le monde.
Depuis l’annonce du lancement de cette monnaie virtuelle, Facebook reçoit de vives critiques de la part de gouvernements. Certains hauts responsables comme Bruno Lemaire, ministre français des Finances, y voient un risque pour la souveraineté monétaire des Etats si cette monnaie de la mondialisation digitale n’est pas bien régulée. Au sortir d’une rencontre avec les ministres européens des Finances, Benoît Cœuré, membre du directoire de la Banque centrale européenne, a fait savoir que « la barre d’admission de la Libra sera très haute ».
Ces institutions craignent une perte de contrôle de la politique monétaire et une recrudescence des nouvelles formes de criminalité financière. Le système actuel n’a pourtant pas permis de régler de manière efficace ces deux défis, et la finance mondiale semble aujourd’hui dans une profonde déroute. Non seulement la création monétaire ne se fait plus vraiment pour soutenir les besoins de production dans les économies du monde, mais aussi plus de 1,5 milliard de personnes dans le monde se retrouvent en dehors des réseaux de circulation de la monnaie
Facebook dit vouloir résoudre au moins deux défis. D’une part, il est question de faciliter la circulation des fonds dans le monde via la réduction des coûts des opérations de transfert. Les responsables du réseau social prétendent d’autre part, vouloir réduire le nombre de personnes exclues de la finance et donc dans l’impossibilité de disposer des moyens de paiement. Ces deux défis sont bien connus en Afrique, notamment subsaharienne.
Le continent noir bien qu’abritant des pays parmi les plus pauvres de la terre, est celui vers lequel les frais de transferts de fonds sont les plus élevés. Une chose que théoriquement la Libra de Facebook pourrait résoudre. Aussi, la configuration des systèmes monétaires actuels exclut plus de 500 millions d’Africains de la sphère financière. Dans cette logique, la Libra de Facebook pourrait représenter l’étape supérieure de la digitalisation des services financiers en Afrique, qui a débuté avec le Mobile Money.
Demain ne sera pas la veille pour autant. Les responsables monétaires des pays d’Afrique subsaharienne reprennent à leur compte, les arguments de leurs homologues européens ou nord-américains. Au nom de la souveraineté monétaire, ils sont méfiants des alternatives dont parle Facebook.
Mais en Occident, on reconnaît le côté pragmatique d’un instrument comme la Libra, et on se prépare à lancer un tel instrument, mais qui sera mieux contrôlé. Sur le continent noir, la position des autorités n’est pas très clairement déchiffrable.